Durant les étés 2016-2017, trois murs du local de C’est possible Autrement se couvrirent d’une fresque. Dans le cadre de notre reconnaissance récemment acquise d’Espace de Vie Sociale, et de nos missions de mobilisation des habitants et d’embellissement du quartier, ce chantier collectif mobilisa plusieurs dizaines de bénévoles, d’habitants, d’apprenants. Dorénavant, notre local ne passait plus inaperçu.
Le foudroyage de trois tours de l’esplanade du Grand Meaulnes au printemps 2021 libéra le quatrième mur dorénavant visible de la rue Camille Desmoulins. Nous décidâmes donc d’achever l’œuvre commencée.
Avec un choix associatif : non plus seulement nous montrer, mais afficher notre identité, ce que nous sommes, ce que nous faisons.
Comment arrive-t-on à une telle réalisation, une fois le projet posé ?
– La recherche de participants grâce à l’action commune des salariés de l’association : une cinquantaine de personnes, apprenants, habitants, bénévoles est contactée. Plus de vingt-cinq ont déjà témoigné de leur adhésion au projet.
– La sollicitation de l’artiste qui avait déjà coordonné le précédent travail, Catherine Poulain, et qui s’engage bien volontiers dans cette nouvelle aventure.
– La demande d’un financement FDVA (Fonds d’Aide à la Vie Associative) sur ce projet et sur d’autres visant à l’amélioration du quartier.
Quelles sont ensuite les étapes de cette réalisation ?
– Des ateliers de préparation. Laissons la parole à l’artiste-coordinatrice : « nous sommes fin mai, une vingtaine de dessinateurs en herbe parlent de C’est Possible Autrement, de ce qu’on y fait, puis l’expriment en dessins et en couleurs. Rebelote en juin. On s’échange nos numéros de téléphone se promettant de se retrouver en juillet pour agrandir considérablement les dessins par des projections sur calque à l’intérieur du local ».
Ce mur sera donc un peu différent des trois autres : on y verra les signes de notre mission première, celle d’un organisme de formation dédié à l’acquisition des savoirs de base (lire, écrire, compter…), et ceux d’un Espace de Vie Sociale ouvert sur l’animation du quartier, les rencontres, les jeux…
– La préparation du mur par la pose d’un apprêt blanc fin juin. C’était le Chantier Jeunes évoqué dans le premier épisode de ce feuilleton (et la clé de l’énigme !).
– Le mercredi 13 juillet, suite à un repas partagé, à la tombée de la nuit, projection des dessins, harmonisés par l’artiste, échanges entre les participants et choix de leur emplacement à venir sur le mur peint.
– Et le lendemain, « par un chaud matin, des mains se mettent en action pour reproduire des dessins sur le mur blanc et peindre les contours en couleur chocolat », nous dit Catherine Poulain. « Ce qui m’impressionne, c’est la gaieté et enthousiasme des participants, attentifs les uns aux autres, curieux de la technique, impatients de poursuivre. De belles rencontres se font devant le mur ».
Et les habitants, les participants ?
Chantal a déjà fait un chantier fresque avec la Ville de Bourges et connaît déjà la technique. Tous les matins, en passant, elle apprécie l’avancement du travail. Ismaïl, Djibril et Abdalbasit, eux, n’ont jamais fait cela. Ils découvrent, apprennent à reproduire les dessins avec du papier calque, puis à peindre les contours avec un pinceau. « Frotter, Frotter » disent-ils en cœur, répétant les mots de Natalya, originaire du Salvador. C’est presque le même mot en espagnol, disent-ils encore. Il y a aussi tous ces habitants qui n’ont pas forcément les mots en français. Seule leur présence chaque matin, arrivant avec un large sourire aux lèvres, en dit long sur leur plaisir. Ils s’approprient l’espace, le mur, la technique, le matériel.
Quant aux passants qui ont poussé la curiosité jusqu’à venir questionner, oseront-ils aller jusqu’au bout du pinceau ?
Au jour où s’écrit cet épisode (22 juillet), les dessins sont en partie reportés sur le mur blanc. Reste à les achever et à mettre de la couleur. Ce sera le travail de la semaine à venir, la dernière de juillet. Tous et toutes sont conviés à nous rejoindre pour cette dernière ligne droite.
C’est beau, cela fait rêver, sourire, on voyage dans des mondes multiples, le réel côtoie l’onirique, l’émotion se déploie, celle du dessinateur, celle du spectateur, c’est vivant.
« Quel dommage que cela ne soit pas animé ! »
« Cela, ce n’est pas possible ! »
« Pas possible ? Mais si ! C’est toujours possible… autrement ».
Comment ? Vous le saurez en lisant l’épisode 3 de notre feuilleton estival.