L’atmosphère à C’est Possible Autrement durant les vendredis après-midi de la fin juin et du mois de juillet était toute d’agitation et de fébrilité joyeuses. Où donner de la tête ? D’un côté les ateliers ludiques et pédagogiques, animés par notre formatrice Sarah Geneix et quelques bénévoles. De l’autre, des ateliers dessins animés par Catherine Poulain pour préparer la peinture murale. A cela s’ajoutaient des ateliers « réalité augmentée », animés par deux professionnels de la Ligue de l’enseignement 18, Matthieu David, responsable du Service Jeunesse et Keryan Robert, animateur numérique. Dans ce désordre festif, ce remue-ménage permanent, chacun pouvait passer d’une activité à l’autre, découvrir, tester, se tester. Atelier, animation, les deux termes prenaient ici tout leur sens.
La réalité augmentée ? Pour la plupart, ce fut une découverte. Pour nous aussi, avouons-le !
Notre commande était que ces ateliers créatifs débouchent sur une animation de la fresque qui couvre les murs extérieurs de notre local.
Ecoutons Matthieu David :
Après les explications, il suffit ensuite d’aller vérifier in situ.
Les participants sont nombreux, assidus. Ils entrent, chacun à sa manière dans l’activité, apprennent de façon ludique à faire des photos, à les charger sur un ordinateur, à utiliser les premières fonctionnalités de Photoshop, à récupérer des sons ou des images libres de droit sur internet. Ils apprennent à se sentir plus à l’aise avec leur smartphone ou un ordinateur, ils découvrent que l’on peut faire autre chose que les habituels SMS ou mails.
Frédéric garde ses distances pendant au moins quatre séances, puis ose franchir le pas et se révèle plein de ressources. Naïma, d’abord timide, se lance dans le découpage de dessins sur l’ordinateur, elle hésite, s’y reprend à plusieurs fois, perd le tout, et recommence jusqu’à y arriver. Ismaïl apprend lui à double-cliquer sur la souris et s’émerveille de l’ouverture de la photo lorsqu’enfin il y parvient. La semaine suivante, plus besoin de lui montrer, il sait déjà et apprend à découper une image sur Photoshop. Quelle rapidité dans l’apprentissage ! Benafsha quant à elle a déjà une certaine maîtrise. Elle apporte une aide sans faille au groupe détourant plus de trente images, heureuse d’apporter son aide. Notre réaction est alors : ne pourrait-elle suivre une formation avancée et l’intégrer à son parcours professionnel ? Avec sa connaissance de l’anglais, elle a de sacrés atouts.
Et puis Miverta, petite fille de 7 ans apprenant à dessiner sur ordinateur nous dit « J’ai appris à effacer, j’ai un peu fait aussi n’importe quoi et puis j’ai fait des vagues, plein de vagues. C’était bien et j’ai aimé.
Ainsi, en partant voyager sur la fresque, on pourra croiser des champignons, des pommes, des feuilles, des plumes, on entendra aussi du djembé ou des bruits d’animaux, des amoureux qui célèbrent la bien aimée, une chanson enfantine, on reconnaîtra aussi des participants qui se sont projetés eux-mêmes sur la fresque (variante du selfie ?) et bien d’autres images surprenantes. Promesses de découvertes et lien renoué avec le merveilleux de l’enfance, là où tout devient possible.
Ce chantier s’inscrit dans la stratégie croisée de plusieurs acteurs :
- C’est Possible Autrement qui trouve là l’occasion de s’adjoindre d’autres compétences autour d’un projet qui s’intègre à son propre projet et l’enrichit, projet qui donne une autre dimension au travail sur la fresque, projet qui conjugue son travail d’animation locale à l’ouverture à de nouveaux savoirs, de nouvelles compétences, projet qui concrétise aussi le développement d’alliances territoriales, l’un de ses axes de développement.
Autrement dit, projet qui élargit ainsi le champ des possibles.
- La Ligue de l’enseignement 18 qui trouve à C’est Possible Autrement, au cœur d’un quartier populaire, un terrain d’expérience et d’expérimentation pour son projet autour du multimédia, une manière aussi de créer des projets avec des associations affiliées. A noter que la rencontre avec des publics plus diversifiés (âges, origines, langues) constituait aussi pour les professionnels de la Ligue une expérience nouvelle.
- Enfin L’Agglo Bourges +, qui a apporté le soutien financier de la Politique de la Ville. Donnons à ce sujet la parole à Patrick Pottier, agent de développement social :
« Un projet nous intéresse quand il concerne l’amélioration du cadre de vie (c’est un des axes du Contrat de ville), quand il sert à développer des partenariats, qu’il est porteur de sens… En l’occurrence, ce projet est ancré dans une réalité, il s’inscrit dans la logique, dans la cohérence de ce qui se fait à C’est Possible Autrement, de ce qui est travaillé depuis longtemps avec les habitants. Il permet d’aller un peu plus loin. Notre rôle consiste alors à donner un coup de pouce financier, à être facilitateur, pour que le projet puisse se faire, en articulation et en complémentarité avec des financements de droit commun. C’est bien la logique de la Politique de la Ville ».
Un grand merci donc à nos deux partenaires, partenaire d’action et partenaire financier, tous deux partenaires de projet !
Ce travail trouvera son point d’orgue lors de sa présentation publique le 9 septembre 2022 (conjuguée à l’inauguration de la fresque, et à la présentation de nos actions de formation dans le cadre de la Semaine d’action contre l’Illettrisme).
Et l’accès aux images en réalité augmentée sera accessible à tous à l’aide d’un simple smartphone.
Ainsi donc, l’énigme de l’épisode 2 est résolue : les images fixes peuvent s’animer, se transformer, se sonoriser même. C’est presque du cinéma, ce n’est pas encore du cinéma !
Le cinéma (le vrai !!), on en reparlera, on y reviendra au Moulon le 28 juillet lors de l’Eté des 7 jeudis.
Il vous suffira pour cela de suivre l’épisode 4 de notre feuilleton estival.